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lundi 11 avril 2011

Tunisie – Agroalimentaire: La filière laitière en danger

Les révolutions tunisienne et libyenne n'ont pas encore profité aux acteurs économiques. Les difficultés que connaissent certains risquent, pour peu que des actions ne soient pas prises en toute urgence, de compromettre le devenir de filières stratégiques développées au moyen de lourds investissements, durant de longues années. Parmi celles-ci, figure la filière laitière, fleuron de l'industrie agroalimentaire tunisienne et un des grands acquis accomplis sur la voie de la réalisation de la sécurité alimentaire du pays.

C'est la composante amont (éleveurs et centres de collecte) qui est la plus touchée. Ces derniers, en dépit d'une excellente qualité confirmée de leur lait, ne parviennent pas à le vendre aux centrales laitières. Celles-ci expliquent ce refus par la saturation des usines, le sur-stockage en période de basse lactation et la fermeture à l'export du débouché libyen. Résultat: un spectacle inouï. Le lait, à défaut de disponibilité d'équipements de réfrigération dans les fermes, est, tout simplement, déversé dans les champs ou dans des terrains vagues. Qui l'eût cru?
Il y a là à la fois un motif de fierté et un signal fort pour pallier, au plus vite possible la situation. Un motif de fierté en ce sens où cette filière était limitée, jusqu'aux années 70, à la production de lait de ferme destiné à l''autoconsommation des éleveurs. Pour la consommation urbaine, la filière dépendait, totalement, de l'importation de la poudre de lait transformée en lait industriel de boisson régénéré par la doyenne des centrales laitières STIL (Société tunisienne des industries laitières).
Trois décennies après, la Tunisie n'importe plus de lait en poudre. Elle a atteint son autosuffisance en lait frais et gère des excédents de production structurels. Mieux, ses centrales laitières (une dizaine, aujourd'hui) utilisent exclusivement du lait frais local et disposent d'une capacité d'industrialisation trois fois supérieure à la production.

Le spectacle du lait déversé est, également, une alerte sérieuse pour œuvrer à ne pas compromettre le développement de cette filière (une belle success story). La révolution a ce grand mérite de mettre la pression sur le département des industries agroalimentaires et les structures d'appui (Apia, Office de l'élevage, Groupement interprofessionnel du lait...) afin d'accélérer la réalisation des diverses composantes de la stratégie arrêtée, depuis 1995, pour développer cette filière sur des bases pérennes.

Cette stratégie était articulée autour de plusieurs axes complémentaires: amélioration du potentiel génétique à travers l'accroissement du nombre des vaches laitières de race pure, diversification de l'alimentation du cheptel par l'extension des superficies fourragères irriguées, institution de substantielles incitations en faveur de la collecte, garantie aux petits et moyens éleveurs l'écoulement de leurs excédents dans de bonnes conditions et à des prix intéressants, encouragement de l'investissements étranger et local dans des industries spécialisées dans la production de lait local...
Dans cette perspective, des stratégies de partenariat ont été développées avec des groupes étrangers (Danone, Yoplait, Emmy, Chambourcy...).

Cette stratégie avait même prévu des mécanismes de régulation de la production en cas d'abondance ou de pénurie: constitution moyennant des primes de stocks régulateurs en prévision des périodes de basse lactation ou de consommation de pointe (mois de Ramadhan, haute saison touristique et période estivale), exportation vers les pays voisins et création d'une usine de séchage de lait aux fins d'absorber l'excédent saisonnier devenu structurel et de subvenir aux besoins des industriels en poudre de lait.

Selon les professionnels qui évoluent dans cette filière, c'est le
retard qu'accuse, justement, la réalisation de l'usine de séchage qui explique en grande partie les difficultés que connaît la branche actuellement. Une bonne nouvelle toutefois. Cette usine qui est presque fin prête sera opérationnelle au plutôt au mois de mai et au plus tard au mois de juin 2011.

En attendant que la situation se clame en Libye et que les échanges reprennent leur cours normal, il nous semble stratégique, en ces moments difficiles, de venir en aide à la composante fragile de la filière, en l'occurrence, les petits éleveurs et les centres de collecte. Car, ce sont eux les premiers garants de la pérennité de cette belle filière dont le pays maîtrise, parfaitement, la traçabilité.

Source: webmanagercenter / 22 Mars 2011

2 commentaires:

Bonjour,
Je suis un étudiant en cycle ingénieur, je suis intéressé par ce domaine. Je commence bientôt un stage et je vais travaillé sur les problème de la filière laitière bovine et ses influences sur les agriculteurs ( éleveurs), mon cas d'étude est le bassin d'approvisionnement de VITALIT.
Je trouve que cet article nous donne une bonne image sur la situation actuelle de la filière en Tunisie. Mais, je trouve, de mon point de vu, que la situation actuelle des agriculteurs et leurs position dans la chaine de production est un peut dévoilé, aussi, leurs comportement vis à vis ces changement, soit politique et bien sur économique.
Mes remarques sont dans le but de développer avec vous ce sujet là, et pour bien valoriser mon travail qui vas être en 1ere partie, en France, dans mon école, globalement, du travail bibliographique, et en second partie, en Tunisie, qui vas être essentiellement au prés des principaux acteurs de la filière laitière bovine.
Cordialement
TOUMI AJIMI Wissem

Bonjour Wissem,

Bon courage, n'hésitez pas à nous poser des questions et des suggestions afin de développer le thème de tes recherches.

Cordialement

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